mercredi 9 mars 2011

L'Histoire Du Chocolat

Les premières ‘traces’ du chocolat dans l’Histoire se situent un Amérique du sud, dans un livre maya sacré : le Popol Vuh. Cette genèse maya en parle comme d’une découverte des dieux.
Mais on retrouve aussi des allusions au chocolat dans le Codex de Dresde, un manuscrit rituel, lui aussi maya, mais rédigé par les peuples vivant dans les Basse-Terres. On peut y voir des représentations de divinités qui tiennent des fèves de cacao.
Le cacao y est lié à une légende, celle de Hun Hunaphu et l’Arbre de la Calebasse :
Les fils de Hun Hunahpu, les jumeaux Hun Batz et Hun Chouen appréciaient le jeu de balle. Cependant, le bruit qu'ils faisaient en jouant contre le mur de l'aire de jeu exaspérait les seigneurs de Xibalba. Ils attirèrent donc Hun Hunahpu et son frère jumeau Vucub Hunaphu à Xibalba, où ils les défièrent au jeu de balle. Piégés, les jumeaux perdirent la partie et furent sacrifiés.
La tête de Hun Hunahpu fut tranchée et suspendue en trophée parmi les fruits d'un arbre à calebasse.
Xquic, la fille d'un des seigneurs du Monde souterrain, se laissa un jour tenter par les fruits de l'arbre, qui était interdit. Alors qu'elle se demandait à haute voix si elle allait ou non cueillir des fruits, la tête (devenue ce que l’on apparente à la première cabosse de cacao) l'entendit et cracha dans la main de la jeune fille. Elle en tomba enceinte et donna naissance aux héros jumeaux Hunahpu et Xbalanqué…
Ce sont les dernières phrases de cette légende qui ont donné au Xocoatl (Nom donné par les Mayas à la boisson qu’ils faisaient à base de cabosses de cacao) un symbole de fertilité, associé à la déesse aztèque Xochiquetzal (déesse de la fertilité).
Mais une autre légende soutient que c’est le Quetzacoalt (dieu serpent, roi-prêtre, dont les immenses richesses seraient composées d’or, de pierres précieuses et de cacao  ) et non Hunahpu qui aurait appris aux hommes à cultiver le cacao. 
a)      La nourriture des dieux :

Les Aztèques et les Mayas n’ignoraient pas que le Xocoatl, en plus de ses vertus gustatives, possédait des valeurs relaxantes et euphorisantes. Ce qui s’expliquera bien des années plus tard avec les recherches scientifiques, démontrant que le chocolat délivre des « azymes » dans le corps. Mais nous verrons cela dans la partie consacrée aux «  Effets sur la santé du chocolat ».
On parle d’Arbre de Vie (afin de désigner le cacaoyer) chez les Mayas. Il y a même une divinité pour le cacao : Ek Chuah.
Chez les Quichés ( peuplade maya ) : le souverain déclarait sa flamme en faisant parvenir à l’objet de ses désirs, via un émissaire, un bol de chocolat battu.
Chez les Chols-Maya : Lors d’un mariage, un échange de cabosses était l’équivalant d’un échange d’alliances.
Pour les Toltèques, le Xocoatl serait le sang d’une princesse et le cacaoyer représentait la réincarnation du monde terrestre au monde végétal
 Chez les Aztèques, on s’en servait comme aphrodisiaque. Ils pensaient que le cacao permettait de lutter contre la fatigue, ce qui s’avère être vrai, car en plus de libérer des azymes, le chocolat libère de la théobromine.
Les indiens Pilpils s’en servaient pour marquer les étapes de la vie de leurs enfants. Par exemple, à la puberté, ils enduisaient les corps des adolescents avec un mélange « eau de pluie – Pétales de fleurs et poudre de cacao »  (les Mayas utilisaient le même mélange pour « baptiser » leurs nouveau-nés, jusqu’à ce qu’ils transforment cela en boisson rituelle, en séchant, pillant et mélangeant de l’eau avec la cabosse de cacao )
Et chez les indigènes Bribris, le cacao représentait l’intermédiaire entre « le monde d’en haut » et « le monde d’en bas ». C’est l’incarnation de la fusion entre l’Homme et la Nature, mais aussi de la fertilité. Chaque année, ils sacrifiaient un chien de couleur rouge aux dieux, afin d’avoir de bonnes récoltes.
Enfin, les indigènes avaient découvert les vertus thérapeutiques du chocolat. Ils se servaient du beurre de cacao et de l’huile des cabosses comme onguent, afin d’adoucir les brûlures et crevasses. C’était un médicament pour les problèmes au foie et au poumon, mais aussi, une protection contre les rayons du soleil.

b)      Pour la petite histoire :
Originaire du Yucatán (au Mexique ), le premier cacaoyer domestique daterait d’entre 2000 et 3000 ans avant Jésus-Christ.
Chez les Mayas, le cacao fait partie du quotidien. La plantation et la récolte des cabosses font partie d’un rituel religieux. On consommait le chocolat froid. Ils pensaient que le cacao pouvait guérir les morsures de serpent.  Mais plus intéressant, les cabosses, en plus de servir d’offrande se trouvaient être une monnaie d’échange, et même une unité de calcul !
Chez les Aztèques, contrairement aux Mayas, on buvait le chocolat chaud. Les territoires leur appartenant, où poussaient des cacaoyers, se devaient de leur verser un certain tribut…

En 1502, Christophe Colomb est le premier Européen à découvrir le cacao. En signe de bienvenue, les Aztèques lui offrent à lui et ses hommes de partager avec eux des tasses de leur boisson chocolatée. Cependant le goût amer et poivré, en opposition avec les saveurs sucrées et douces appréciées en Europe,  leur semble indigeste. Ils n’y prêtent donc pas attention. Pourtant, Ferdinand Colomb, le fils de Christophe fait un récit sur l’importance que les indigènes attachent aux cabosses de cacao : «  quand ils(les indigènes) les égarent (leurs cabosses ) ils réagissent comme si ils avaient perdu un œil .»
Il faudra donc attendre 17 ans plus tard, lorsque qu’Hernàn Cortès, pendant son séjour chez les Aztèques (qui pensaient que Quetzacoalt était de retour) découvre cette boisson épicée, mousseuse et amère, appelée Xocoatl. C’est lors d’un banquet offert par l’empereur que Cortès découvre la mixture, offerte pour clôturer le repas dans un gobelet d’or. Mais face à ce mélange noirâtre, peu attrayant, il aura la même réaction que son prédécesseur. Le mal de cœur qui suivra l’absorption de cette boisson « plutôt propre à être jetée aux cochons que consommée par les hommes » les confortera dans leur sentiment de dégoût.
 Pour la petite anecdote, Montezuma en consommait jusqu’à 50 gobelets par jour, surtout avant d’aller rencontrer ses conquêtes.
En guise d’offrande, Cortès se verra offrir 20 000 tonnes de fèves de cacao. Et c’est en 1528 qu’il en ramènera à Charles Quint, roi d’Espagne. Pourtant, la première livraison de cabosses, expédiée depuis Vera Cruz ne fait son entrée en Espagne ( par Séville ) qu’en 1585. Mais au début, la mixture exotique ne plaise pas aux Européens, rebutés face à la mixture maronnasse et à l’apparence coprophage.
 La recette est alors modifiée. On rajoute au Xocoatl de la vanille, du sucre, de la cannelle, des fleurs d’orangers. Le succès est alors au rendez-vous.
Les Espagnols se lancent alors dans la culture cacaoyère au Nouveau-Mexique.
Ce seraient les Carmélites du couvent d’Oaxaca (au Mexique ) qui auraient eut l’idée de remplacer les piments par du sucre de canne et de la vanille.
c)      A la conquête de l’Europe
Le chocolat arrive en Europe via l’Espagne et s’étendra rapidement aux autres pays qui se prennent vite d’affection pour cette « boisson des Indes » Il suscite rapidement des controverses littéraires.
On le surnomme « Le Lait des vieillards » ou encore «  La bienheureuse éternité potable ».
En 1735, le naturaliste Linné dénomme le cacaoyer « Théobroma Cacao » : la boisson des dieux.
En Espagne, Charles Quint accorde à l’Espagne le monopole d’état sur le cacao cultivé sur les terres d’outre Atlantique (pendant un siècle)
On raconte que dans la deuxième partie du XVIIème siècle, le Duc d’Albe se constitue une grande cave de bouteilles, non pas remplis de vin, mais de boisson chocolatée. Pendant ce siècle, le chocolat se consomme partout et à tout moment.

En Italie, les couvents espagnols et italiens se communiquent la recette du breuvage. L’Italie y ajoute de la vanille, de l’ambre, de la cannelle et du jasmin. C’est alors qu’arrivera le chocolat glacé. Le cacao apparaît officiellement dans des recettes italiennes en 1680 et au XVIIIème siècle, il sera fréquemment utilisé dans la pâtisserie, mais aussi, marié aux viandes et même aux pâtes !
En Angleterre, c’est un français qui en ramène dans ses valises, afin de créer à Londres son échoppe en 1657, qui vend du « Nectar des Indes ». Rapidement, les anglais sont ravis de découvrir cette nouvelle boisson qui devient très  vite à la mode. On le consomme dans les Chocolate House. En 1674, les anglais innovent dans les recettes : ils rajoutent du lait, du vin etc  afin d’obtenir un chocolat plus dur, baptisé : « Chocolat en boudin à l’espagnole ». En 1675, les Chocolate Houses prospèrent tellement que le roi Charles II publie un édit, interdisant cette boisson au goût de luxure. Mais il n’y parviendra pas. D’ailleurs, il mourra dix ans plus tard, dit-on, empoisonné par sa maîtresse à l’aide d’une tasse de chocolat !
Aux Pays-Bas, des corsaires hollandais inspectant un bâtiment espagnol au début du XVIIème siècle, y trouvent un bien curieux produit : des fèves de cacao. Ils ne réussissent pas à trouver de l’intérêt à ces « Cagaruta de carnero » (crottes de bique) et les jettent à la mer. Il faudra attendre la fin du siècle avant que ne soit implanté et accepté le chocolat aux Pays-Bas. La cour et la haute société y prendront vite goût. Les Pays-Bas étant un pays maritime, le chocolat  s’importera facilement… et la contrebande s’instaurera rapidement.
Mais en France, plusieurs hypothèses sur l’arrivée du chocolat sont envisagées : Peut-être des moines espagnols de passage, ou bien alors est-il apparut comme médicament ( le frère du cardinal Richelieu, Alphonse, soignait ses problèmes de rate et de « mélancolie » avec.) On parle même de contrebande Juive et Protestante qui l’auraient exporté en France et en Hollande.
Quoi qu’il en soit, c’est dans les bagages des princesses espagnoles qui ont épousés des rois de France qu’il arrive à la cour : Anne d’Autriche et sa nièce Marie-Thérèse étaient de vraies « chocolatomanes ». On raconte même qu’à force d’en boire, elles auraient vu leurs dents devenir toute noires.
Il entrera officiellement à la cour en 1615, lors du mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. Et entrera dans les habitudes de Versailles grâce à Marie-Thérèse.
A partir de 1671, David Chaillou, à qui fût donné par le roi, le privilège exclusif de son commerce de chocolat partout en France, ouvre la première boutique parisienne qui propose du chocolat à boire.
Par la suite, le roi fait implanter la culture du cacaoyer aux Antilles, où la société créole raffole de ce « noir breuvage ».
Le Roi Soleil mettra du chocolat sur les tables de ses réceptions trois fois par semaine. Mais il y mettra un terme en 1693, car l’état doit faire des économies, et le chocolat reste une denrée chère.
La charge de « chocolatier de la reine » apparaît en 1705 et, c’est en 1770 que Marie-Antoinette arrive d’Autriche accompagnée de son chocolatier personnel.
On commence à voir apparaître quelques friandises au chocolat : biscuits, massepains au chocolat (forme en pâte à base d’amandes, traditionnel) et même, des bonbons.
d)      Art de la table
Les couvents Sud-Américains ont adopté le chocolat au goût Européen. Ils créent des ustensiles nécessaires à sa fabrication.
° La chocolatière : C’est un vase avec un renflement circulaire, les premiers étaient en argile, puis des chocolatières en porcelaine ou en argent arrivent. La vaisselle venait à son tour établir les différences de rangs sociaux.
° La mancerina : créée par le marquis de Mancera, le vice-roi de Nouvelle Espagne. C’est un large bol, muni d’une anse et d’une soucoupe, très pratique pour ne pas perdre la moindre goutte de chocolat ! Le marquis aurait vécu 107 ans ( ce qui pour l’époque était un exploit ) grâce à sa consommation, dit-on, quasi exclusive de chocolat et de fruits glacés.
Dans les premières années du XVIIIème siècle, le régent Philippe d’Orléans adopta cette boisson. Il était bien vu d’assister au « chocolat de monseigneur ». Pour ce, quatre hommes étaient mobilisés, un portait la cafetière, un autre faisait mousser la boisson, un troisième s’occupait de la serviette et un dernier versait le chocolat.
e)      Eglise et chocolat.
Une querelle des « Pour » et des « Contre » éclate au sein de l’Eglise.
Les jésuites, ne souhaitant pas renoncer  aux plaisirs de la vie, prennent le parti de cette boisson à la mode. Le père Strozzi compose même un poème en latin sur la manière de fabriquer du chocolat.
Les Dominicains, beaucoup plus rigoureux, sont réticents à ce breuvage. Ils le redoutent, car il rend le sang plus chaud, ce qui est une « invitation aux excès » comme la gourmandise, la paresse et même, la luxure !
Cela soulève quelques débats : Est-ce une boisson ou un aliment ? Et rompt-il le jeûne ? On parle même d’effets similaires à l’opium.
f)       Un symbole de volupté ? De Luxure ?
 Le botaniste et chimiste L. Leméry dira même : « Ses propriétés stimulantes sont propres à exciter les ardeurs de Vénus ».
On dit que la Pompadour, qui en raffolait, afin d’être à la hauteur des demandes de son royal amant, Louis XV, prenait des tasses de chocolat ambré.
Quant à la comtesse Du Barry, elle en offrait à ses amants, dans le but qu’ils soient à la hauteur de ses demandes.
Le chocolat ayant une connotation trop érotique à l’époque, il était réservé aux adultes.
Il évoquait un langage « coquin » qu’affectionnait une certaine littérature de l’époque. Il était associé à l’amour charnel et rimait avec le libertinage. Les héroïnes des romans à la mode de cette époque en usaient. Comme la comtesse de Dorigny, qui envoyait une invitation « au chocolat » à son amant.

g)      L’industrialisation
1.      Une évolution : du XVIII au XXème siècle : le perfectionnement des machines.
  La fabrication du chocolat était pénible et archaïque. Les ouvriers se mettaient à genou  et broyaient les fèves à l’aide de cylindres sur une pierre chauffée.
Alors, en 1778, Doret, un français industrialise la fabrication du chocolat et crée la première machine hydraulique à broyer les fèves de cacao.
François Pelletier, dont la chocolaterie est établie à Paris, fabrique une pompe à vapeur qui actionne un « appareil » travaillant la pâte, et dont le travail est comparable à celui de sept hommes !
Puis, le suisse,  François-Louis Cailler, qui apprit l’art de la fabrication du chocolat en Italie, fonde dans un ancien moulin la première fabrique moderne de l’histoire de la Suisse.
Entre 1765 et 1825, de nombreuses usines sont installées en Europe ( Angleterre, Suisse, France, Hollande ) par des hommes dont les noms sont maintenant connus de tous : Phillipe Suchard( Suisse ) ; Charles-Amédée Kohler ( Suisse ) Rodolphe Lindt ( Suisse ) ; Theodor Tobler ( Suisse ) ; Antoine Brutus Meunier ( France ) ; Coenraad Johannes Van Houten ( Pays-Bas ).
2.      L’évolution du chocolat.
 Le néerlandais Van Houten aura une idée géniale. Il met au point la presse hydraulique, qui permet de dégraisser le chocolat ( lui ôtant une partie de son beurre ). On obtient une poudre sèche, facile à délayer avec de l’eau ou bien du lait. Le succès auprès des petits et des grands ne se fait pas attendre, le chocolat en poudre est rapidement présent sur toute les tables pour le petit déjeuner. Le brevet est déposé en 1928 .S’en suivra 20 ans plus tard, l’apparition de la boisson instantanée. Cette idée fera la fortune de la maison Van Houten, présente encore aujourd’hui à travers le monde.
Dans les années 1750, Joseph Storrs Fry, médecin, tenant une apothicairerie à Bristol, s’intéresse de près au chocolat, dont il croit aux vertus médicamenteuses. Il ouvre alors une usine de fabrication de pâte de chocolat, à côté de sa pharmacie : « J.S Fry & Sons ». Ses descendants vont réaliser le potentiel du chocolat, non seulement comme médicament, mais aussi comme une friandise. C’est alors qu’en 1795, Joseph Storrs II crée une machine à broyer les cabosses, ce qui sera un gain de temps considérable.  Les fils de Strorrs II reprennent le flambeau en 1835 et, en 1847, Joseph, Francis et Richard vont lancer la plaquette de chocolat à croquer. (Pour la petite anecdote, ils définiront leur invention par une phrase en français, langue parlée à Paris, la capitale culinaire : « Chocolat délicieux à manger. ») Pour finir, le dernier survivant de la fratrie, Francis, emploiera 1500 hommes et femmes dans les années 1880. Il sera reconnu pour avoir été un patron préoccupé par le bien-être de ses employés, avec une politique paternaliste mais aussi puritaine (il proscrivait les « divertissements indécents » comme les jeux de hasard, au sein de son usine et de sa cité ouvrière, bâtie autour )et en contrepartie, les conditions de travail qu’il imposait étaient bien meilleures que dans d’autres endroits. Il faut noter qu’entre les deux guerres du XXème siècle, la maison Fry s’unira avec Cadburry Brothers.
Jean-Antoine Brutus Meunier, dirigeant d’une fabrique de produits pharmaceutiques dans le Marais, déménage sa fabrique en 1825 à Noisiel (sur la Marne ) et se lance alors dans le chocolat. C’est son fils Emile-Justin, qui en reprenant l’usine acquiert plusieurs plantations de cacaoyers au Nicaragua. Il donnera un essor à son industrie. Comme Francis Storrs, il sera reconnu pour son attitude sociale et bienveillante envers ses ouvriers (il fera ouvrir une bibliothèque ainsi qu’une école gratuite au sein de sa cité ouvrière et abaissera l’âge de retraite de ses « chocolats » ( surnom qu’il donnait à ses ouvriers ) de 80 ans à 60 ans ). Bien des années plus tard, Nestlé rachètera les bâtiments de Noisiel, pour en faire son siège en France.
h)      La Suisse, chez les chocolatiers.
1.      D’illustres chocolatiers viennent de ce pays dont le nom rime avec « chocolat ».
Phillipe Suchard découvre le chocolat à l’âge de 12 ans : sa mère étant malade, il dut se rendre dans une pharmacie pour lui trouver de ce médicament miracle, au goût de friandise, mais coûtant 3 journées de travail pour un ouvrier. Cela déclenchera chez lui un certain intérêt pour le chocolat, ce « produit miracle ». Il fera un apprentissage chez son frère confiseur puis crée en 1826 une chocolaterie, assez rudimentaire, aux Etats-Unis. Le succès sera long à arriver mais d’autant plus brillant. Lors de la Grande Exposition de Londres et de l’Exposition Universelle en 1851 et 1855, ce sera la consécration de Suchard.
Henri Nestlé, bien que d’origine allemande, il est un exilé politique en Suisse. Après plusieurs tentatives de fabrication de farine d’os, de liqueurs ect, il s’intéressera à l production d’un aliment qui pourrait aider les femmes ayant du mal à subvenir aux besoins nutritionnels de leurs enfants. Ainsi naîtra la farine lactée. En quoi cela a-t-il un rapport avec le chocolat ? Eh bien, grâce à elle, un chocolatier suisse, Daniel Peter invente le chocolat au lait, d’abord sous forme liquide, en 1875, puis sous forme solide, en 1885.
1879, Rodolphe Lindt, un chocolatier installé à Berne conçoit une nouvelle manière de mélanger le chocolat : le conchage. La machine utilisée, la conche fût nommée ainsi à cause de sa ressemblance avec un coquillage. Le chocolat que l’on peut obtenir grâce à elle est tellement malléable qu’il devient plus facile de couler le chocolat dans les moules (car avant, le chocolat était plus dur et devait être tasser à la main ). Lindt invente donc le premier chocolat qui « fond dans la bouche ».
2.      Quelques « légendes chocolatées ».
 A la fin du XVIIème siècle, le cuisiner François Massialot introduit pour la première fois de l’histoire de la cuisine française, du chocolat dans une recette, en adaptant le plat mexicain Mole Poblano, ce qui renforcera l’image « exotique » du chocolat.
Une autre légende raconte que le produit devrait son origine à une certaine sœur Andrea. Apprenant la visite de l’Evêque Manuel Fernandez de Santa Cruz Sahagun dans son couvent de Puebla, elle fût si troublée, qu’elle aurait versé par erreur du chocolat sur le plat qu’elle préparait en son honneur. Un variante de l’histoire laisse entendre que ce ne serait pas par erreur qu’elle aurait versé le chocolat, mais honteuse de quelques peccadilles reprochables, elle aurait souhaité amadouer son supérieur ecclésiastique à l’aide de saveurs inédites. On raconte aussi, dans une troisième variante de l’histoire, que ce n’était pas l’Evêque qui se serait rendu au couvent, mais le vice-roi de Nouvelle-Espagne.
Mais l’image du chocolat va évoluer … encore. Il va devenir un « outil de salut publique ». Avec ses vertus sociale ( sa fabrication et son industrialisation offrait du travail ), médicinale et morale ( réservé aux gens de bonne conduite ) contrairement à son nouveau rival : le café, excitant, dégradant la santé et l’intelligence … synonyme de débauche ! Le chocolat est l’aliment par excellence des gens sobres, rangés et paisibles. « Moralisateur » on le trouve sur toutes les tables, que ce soit en famille ou lors de soirées, il est de bon ton d’en user. «  On ne joue point aux cartes, on ne fume pas en prenant le chocolat, et, après l’avoir pris, on ne bois pas d’eau-de-vie : on avale un verre d’eau fraîche, puis on se remet au travail ou l’on va paisiblement à ses affaires. » Voilà le mot d’ordre.
De synonyme de luxure, loin de la littérature coquine des siècles précédents, le chocolat est désormais le compagnon de toute personne respectable et de bonne vertu.
3.      L’affaire Banania.
 Pierre Lardet, un journaliste découvre, lors d’un voyage en Amérique du Sud, l’ancien chocolat des indiens. En rentrant en France, il ramène une idée : celle de mélanger de la farine de banane avec du cacao, de la crème d’orge et du sucre. Il lance en 1914 sa production industrielle. Cherchant un nom pour sa création, il hésite… Bananose, Banarica… Banania !
Ses affiches publicitaires montrent au début une Antillaise, mais avec la 1ère Guerre Mondiale, c’est l’effigie d’un tirailleur sénégalais qui sera choisi. En 1916 paraît une bande dessinée, décrivant Banania comme l’une des « causes de la victoire Française » Rendant la marque rapidement beaucoup plus populaire.
Mais arrive alors le slogan « Y’a Bon », signe distinctif des boîtes de la marque. La légende autour de ce slogan vient de l’histoire d’un tirailleur, qui après avoir été blessé au combat, aurait été envoyé à l’arrière et embauché à Courbevoie (où se trouvait une usine de Banania ) En goûtant le produit, il se serait exclamé « Moi y’a dit : y’a bon Babania ! » De là serait né l’Ami Y’a Bon. Des années plus tard, cette histoire fait encore parler d’elle. Relancée en 2005 pour la vente de produits Banania avec l’effigie de L’Ami Y’a Bon, reconnaissable par son fez rouge. Contesté, accusée d’être raciste, emblème du colonialisme, symbole du mépris européen pour les Noirs, considérés ici comme illettrés, ne sachant pas s’exprimer correctement en français, Banania abandonnera finalement ce slogan.
I)                   L’expansion de la culture, et toujours plus évolué.
S’étant implantée dans presque tous les pays d’Amérique du Sud, la culture du cacao arrive en Afrique, concurrencée quelque temps après par la Malaisie ( fin du 20eme siècle ).
Résolument devenu sucré, adieu les saveurs anciennes épicées et amères. Mélangé avec un peu de tout (orange, noix de coco… ) les saveurs avec qui on l’associe se déclinent toujours plus.
Mais c’est aussi la naissance au XXème siècle de l’incontournable succès planétaire : la barre chocolatée ! D’abord aux Etats-Unis, un dénommé Milton Hershey lance les Hershey Bars, des petites tablettes de chocolat noir. Puis les Hershey Kisses, des bonbons au chocolat au lait. Le succès est tellement retentissant que, conformément au souhait de leur créateur, les produits Hershey se passeront de publicité jusqu’en 1968, s’appuyant seulement sur leur qualité.
Arrivent ensuite sur le marché, les Milky Way, de Forest Mars, en 1923, inaugurant l’arrivée des barres de chocolat fourrés aux noisettes, noix de coco, nougat et praliné !
Et par la suite, naissent Mars, en 1932, Nuts (d’origine Hollandaise ), Kit-Kat, Smarties ( Anglais ) et d’autres…
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’état-major percevant le chocolat comme un dopant et un stimulant, réclame un chocolat mis au point en Amérique, un chocolat capable de résister sans fondre aux pires températures tropicales… En suivra la vision ‘cliché’ des yankees distribuant des barres de chocolat aux petits français après la libération.
Aujourd’hui encore, le chocolat est présent partout, dans la gastronomie comme dans notre petit déjeuner. On l’aime plus dans certains pays que d’autres, et, bien qu’il ne soit plus vénéré, il reste grandement apprécié un peu partout, dans chacune de ses déclinaisons, que ce soit un pur noir craquant, ou un chocolat fondant fourré au caramel. Mais l’avenir du chocolat est-il si brillant que l’on pourrait le croire ? Le cacao pourrait être remplacé par des matières synthétiques… le vrai deviendrait-il une denrée rare et chère, réservée à l’élite, comme avant.
J)   Puis pour finir, quelques dates.
1821 : Cadbury invente le chocolat à croquer.
1828 : Van Houten dépose le brevet du « Chocolat en poudre »
1830 : Kohler crée le chocolat à la noisette.
1870 : Tobler et Néstlé créent le chocolat au lait.

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